Les coulisses d’un article

La rédaction d’un article n’est pas un exercice si aisé que cela ! Avoir le sujet et quelques idées clés ne suffisent finalement pas à mettre son ouvrage sur le métier et à l’élaborer aussi rapidement et facilement ! Les quelques retours d’expérience ci-après vont permettre d’illustrer le sujet.

« Ce que l’on conçoit bien s’énonce clairement,
Et les mots pour le dire arrivent aisément ».

Nicolas Boileau

Voici une belle citation qui met les personnes rencontrées dans l’embarras car entre deux niveaux. En effet, elles ont une vision claire du rendu final, de « l’oeuvre », du contenu qu’elles veulent partager. Si par exemple, le thème choisi pour un article, billet sur un blog… est « les coulisses d’un article », la pensée va alimenter en idées, contenus, exemples sans difficultés majeures. Vous me direz alors « mais où est le souci alors ? ». 

Et nous y arrivons. Cette pensée, chez elles, est riche, dense, et s’appuie sur de nombreuses ressources tant intrinsèques à la personne qu’externes (éducation, culture, formation, apprentissages, expérience…). Elle va pousser plus loin encore ; le raisonnement se poursuit car englobant une partie des diverses facettes que propose le sujet. Il amène à poser des jalons pour creuser davantage les idées énoncées dans l’article, pour rédiger une suite mais également d’autres articles connexes, transverses… 

Si on décortique avec elles le processus d’élaboration, le cheminement suivi, ce n’est pas le « bazar » ! Ce qui les caractérise est leur vision globale du sujet, les interactions, les liens qui peuvent être tissés, les enjeux qu’elles perçoivent… et c’est tout cela qu’elles veulent transmettre, mettre à la disposition d’autrui. Sur ces « coulisses », elles partagent dans nos échanges la description des actions menées pendant et parallèlement à l’élaboration de cet article – les papiers et « post-it » remplis avec des mots-clés, des idées, des exemples, des points d’alerte ou de vigilance… – et ce qui se passe dans leur réflexion, les idées qui traversent la tête et qui sont sources de « rebonds », de nouvelles perceptions…

Ce qui est intéressant à noter, dans ce qu’elles décrivent, est également une propension à une forme d’action et une mesure en final. Et finalement, en creusant ensemble cette perlaboration, on peut confirmer que ce n’est pas le bazar effectivement mais le résultat d’un niveau avéré d’exigence, de perfectionnisme ! Ce raisonnement, ce processus intellectuel mais également émotionnel, se « déchainent » littéralement. Cela entraîne, nous venons de le voir, interactions, confrontations d’idées, digressions, liens et du coup génère un conflit entre vitesse et précipitation versus lenteur, procrastination. Il y a un conflit entre les idées, compréhensions à partager immédiatement et qui pousseraient à mettre en ligne rapidement un article et le niveau d’exigence qui ne peut accepter, tolérer un article « imparfait », non abouti. Cela n’est tout simplement pas concevable ! Et tout en ayant conscience de cela, les personnes rencontrées confirment prendre un temps pour « poser » les choses car en étant sur d’autres activités, leur cerveau poursuit sa gymnastique et alimente au fil de la journée – des journées – de nouveaux post-it, jusqu’au moment où c’est le moment ! Le contenu semble opportun, suffisamment qualitatif et elles se lancent, rédigent alors rapidement l’article et le mettent en ligne. 

Et elles retournent sur l’éditeur html pour réécrire telle phrase qui ne convient pas, changer la police qui ne leur plait finalement pas, rectifient un paragraphe qui ne leur semble pas assez clair…

« Que la raison conduise, et le savoir éclaire« .
Acte / Scène : L’art poétique, IV, 72 (1674)

Nicolas Boileau

Sans avoir aucune prétention, cette citation est intéressante car elle les caractérise assez bien : ils comprennent et connaissent un  certain nombre de choses, arrivent à se servir de leurs capacités intellectuelles et souhaitent du coup mettre cette compréhension de leurs environnements et des situations, cette perception au service d’autrui. 

Pour illustrer cet article sur « les coulisses d’un article », voici quelques retours d’expérience et impressions recueillies auprès d’elles :

  • La multi-activité : certaines se posent devant l’ordi et commencent à rédiger à partir d’idées déjà notées tout en ayant d’autres pages Word ouvertes pour retranscrire ce qui leur vient parallèlement à ce travail ; d’autres notent au format papier crayon les idées tout en étant sur d’autres tâches (cuisine, mise à jour informatique…). Elles ont de quoi écrire à portée de main ou repassent régulièrement vers leur bureau pour noter « au fil de l’eau » ce qui leur vient, en vrac, sans discrimination ou sélection, sans faire aucun tri ; d’autres encore sont sur ces activités parallèles mais ont diverses feuilles de papier, spécialisées par thème, sur leur table de salle à manger et elles inscrivent ce qui leur vient, dans les cases correspondantes, opérant ainsi une forme de tri de leurs idées et les regroupant… 
  • la libre-association : elles laissent libre-cours à leur réflexion et leur raisonnement se met en place naturellement, suivant un fil conducteur au départ puis rebondit de digressions en digressions pour tenir compte des liens qui se font, des interactions qui s’élaborent…
  • Une exigence et une rigueur de compréhension / analyse : elles font du tri et se mettent dans une analyse approfondie de ce qui se passe lorsque nous avons commencé à échanger ensemble. Certaines par exemple se sont davantage intéressées à l’aspect raisonnement, suivi intellectuel… D’autres ont davantage décortiqué par rapport à ce qu’elles éprouvaient, ce que cela leur renvoyait en terme d’émotions, ressentis…

Une difficulté pour la rédaction de ce billet : retranscrire la réalité de ce qui se passe en elles en étant le plus clair possible, le plus proche des échanges sans rentrer dans la répétition de ce que l’on peut trouver ailleurs (sur Internet et/ou dans des livres connus ou pas), sans non plus tomber dans de la justification, de la stigmatisation, sans donner l’impression de plainte…

Le fait finalement à retenir est simple : écrire est quelque chose de paradoxalement compliqué pour des personnes outillées pour car elles se trouvent confrontées à leur propre exigence, ce qui les freine voire parfois même les bloque jusqu’à ce qu’elles aient le « déclic ». A ce moment-là, elles « plongent » dans l’action concrète et il leur faut alors peu de temps pour produire le support demandé, voulu…

N’hésitez pas à commenter, enrichir de vos propres expériences, à apporter votre témoignage et à partager !

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